La force de leur premier opus vient avant tout du fait qu’elle permet d’entre-apercevoir quel est le message de toute cette nouvelle génération ayant éclos avec le nouveau millénaire. On s’est assez lamenté que ni les Strokes ou les White Stripes ne portaient de regard sur le monde qui les entoure. MGMT pose un début de réponse dès l’entame sur "Time To Pretend" : les jeunes d’aujourd’hui conchient la société d’hyper-consommation glorifiée par un capitalisme définitivement en roue libre. Verbe ironique coincé dans un corps d’ados, le duo allume un feu de paille autour d’une plage crépusculaire en clamant : "Faisons de la musique, gagnons de l’argent, épousons des top models/Je vais bouger sur Paris, me shooter à l’héroïne, baiser des stars/Notre décision est de vivre vite et de mourir jeunes/Nous avons la vision, alors amusons-nous/Ouais, c’est pesant, mais que faire d’autre ?/Oublier nos mères et nos amis/Nous sommes condamnés à faire semblant". Constat amer d’une génération revenue de tout, sans slogan fédérateur ni projet collectif, faisant mine d’accepter la vie qu’on lui offre, mais se ruant sur Myspace ou Facebook s’inventer une existence meilleure, fut-elle virtuelle. En rejetant une époque vouée à sa perte, son seul mot d’ordre est : profiter de l’instant présent, sans penser à demain. Or, ce désengagement, ce refus d’affronter la réalité pour lui préférer une jouissance perpétuelle n’aboutit finalement qu’à se ranger sous les impératifs consuméristes actuels. Tu n’aimes pas le monde dans lequel tu vis ? Tu n’approuves pas ses valeurs ? Pas grave, éclate-toi avec ton écran HD et ta Playstation, abstiens-toi de penser trop et de commencer à réfléchir sur comment tu pourrais faire changer les choses. Voilà pourquoi cet hymne introductif porte en lui à la fois tout le malaise d’une génération et l’aporie dans laquelle elle fonce tête baissée en plaçant comme utopie absolue les plaisirs futiles d’une fête païenne, apolitique, désincarnée, joyeuse mais stérile.
“We'll choke on our vomit and that will be the end”, fin tragique mais incontournable pour toute une génération en mal d’elle-même, cette génération n’est autre que vous et moi, victimes non moins conséquentes d’un idéalisme qui nous est infligé, reste que cette aspiration à la vie rêvée demeurera toujours au fond de nous même, son éclos ne se fera guère à cause de ce que nous rappelle this little voice inside of us, telling us « God is here, you’re muslim, don’t fuck with the devil, Hell is around the corner » et pour enfinir on sera toujours condamné à faire comme si…
1 Comment:
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- Anonyme said...
11 novembre 2008 à 12:39je suis d'accord avec ce que t'as dis.on est vraiment condamné a suivre le systeme pourris qui est le notre. C original qu'a travers une chanson t'arrive a exprimer tout ca. bravo pour le blog les tofs sont géniales.....