La montée dans les escaliers automatiques me paraissait interminable. Je me hâte de sursauter les quelques marches qui restent pour arriver à bout, toujours sous le regard protecteur de Krista qui suivait chacun de me gestes. Quelques minutes après me voilà de nouveau sous la nuit boréale, dehors, attaqué par des flocons de neiges qui commencèrent à s’extraire du ciel noirci par les nuages d’hiver. N’ayant même pas le temps d’avoir froid que je me retrouve assis sur la banquette arrière d’une volvo poussé par ma camarade qui cherchait à se faire une place à coté de moi. Je peinais à ouvrir correctement les yeux, mes paupières se faisaient de plus en plus lourdes et je n’arrivais point à distinguer les personnes qui occupaient le devant de la voiture. Dans qu’elle galère je m’étais encore embarqué ? Pourquoi diable je ne pouvais résister à l’appel de l’inconnu ? Le crissement des pneus faisait comme si on m’extirpait une partie de ma peau, et la voiture démarra à vive allure pour s’enfoncer sur une route boueuse de compagne, tout au nord de la ville de Stockholm. J’essayais sans succès de lire les pancartes qui se dressaient tout au long du chemin, cherchant désespérément un point de repère dans l’éventuelle et très probable possibilité que je me perde au fond de nulle part. Mais en vain, les quelques flocons de neige se transformèrent en une véritable tempête qui rendit la visibilité presque nulle. Perdu dans une délire agnostique, je m’apaisais l’esprit avec une gorgée d’eau de vie que me passa Krista, le but étant de faire traverser cette pilule qui m’était resté coincé au fond de la gorge et dont l’effet immédiat, toujours selon elle était de me remettre d’appoint pour pouvoir affronter ce qui allait suivre. J’acceptai sans rechigner. Et voilà que cet être hybride, presque enterré dans mes souvenirs, reparaissait dans ma mémoire en s’y imposant avec une telle force que je ne pouvais plus lutter contre le besoin de le laisser renaître en cette froideur qui me consumait peu à peu. La période de fantaisie créatrice, marquée par la gestation successive de mes envies les plus récurrentes se prolongeait dans un espace aussi réduit que celui de la voiture qui ne cessait de s’engouffrer dans un noir dont la densité le rendait digne des nuits les plus cauchemardesques. Une question me hantait l’esprit à ce moment précis de ce délire hallucinogène, notre chauffeur était il mon bourreau ou bien était il mon sauveur ?
La réponse fût quasi immédiate dans la mesure où j’apercevais au loin des rayons de lumières qui cherchaient à s’extraire de la densité de la végétation des alentours. La voiture s’arrêta, et nous fûmes priés de bien vouloir descendre.

J’avais pourtant les yeux bien ouverts, et c’était difficile à croire, dire que j’en rêvais…

Un hangar abandonné au fin fond de nulle part, des centaines de personnes qui se déhanchent sur une piste bétonneuse, leurs visages rayonnaient de la lumière qui s’abattait en rafale toutes les deux secondes, les rayons laser évoluaient dans l'espace en créant des volumes, des formes, des couleurs, concevant un nouvel univers en trois dimensions. Les façades murales étaient d’un noir gothique, des graffitis venaient adoucir cette nuance macabre, mais je ne comprenais point l’existence d’affiches qui mentionnaient un espace radioactif, est-ce juste un élément du décor fantaisiste du maître des lieux ou bien cela reflétait t-il la réalité d’une existence passée d’une centrale nucléaire?

L’idée n’avait même pas commencer à frémir dans ma tête que me voila entraîné dans la foule.




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